mercredi 16 avril 2014

Notre expérience en tant que traiteur sur Chiang Mai : l’aventure des Frogs on wheels


Après la vente du restaurant, nous nous sommes lancés dans une activité de traiteur sur Chiang Mai. 
Retour sur notre expérience thaïlandaise.







Le principe était simple, livrer à domicile des expats ou des Thaïlandais amateurs de petits plats français et fournir certains restaurants en pâtisseries, la carte des desserts étant souvent restreinte dans les restaurants de Chiang Mai. La première difficulté était de savoir si nous reprenions une boutique avec les frais que cela implique : le droit au bail, l’achat du matériel et bien sûr l’obligation d’embaucher 4 Thaïlandais pour 1 permis de travail.

Pour un démarrage de business, cela représentait beaucoup d’investissements pour un résultat incertain. Nous avons donc, dans un premier temps, décidé de tester le concept, sur nos amis expats et de réaliser nos produits à la maison.

Bien nous en a pris, car les commandes étaient vraiment occasionnelles pour plusieurs raisons :

  • Les expats mangent rarement chez eux, car ils n’ont pas forcément l’espace pour cela. En effet, les condos proposent rarement de vrais coins-cuisine. De plus, sortir au restaurant ou manger sur les marchés est très abordable en Thaïlande. Rares sont les expats qui restent chez eux pour les repas et préfèrent la convivialité des repas au restaurant entre expats.

  • La deuxième raison et pas la moindre, nous ne pouvions pas faire de publicité, car nous n’avions plus de permis de travail, donc plus le droit d’exercer une activité lucrative. Hormis le cercle de nos amis proches, nous ne parlions jamais de notre activité. Rappelons, qu’il faille malheureusement se méfier de certains expats, qui par jalousie ou autre peuvent vous dénoncer aux services de l’immigration. Ce sont d’ailleurs rarement des Thaïlandais qui vous dénonceront…

Nouvelle orientation professionnelle et retour en France

Après 6 mois d’une activité occasionnelle, nous avons décidé d’arrêter : les commandes n’étaient pas suffisantes pour nous permettre de vivre correctement, et le fait de ne pas pouvoir travailler légalement tous les 2 nous a conduits à quitter la Thaïlande.

C'est d'ailleurs, la difficulté majeure si vous investissez dans un petit business. Pour 2 étrangers, il vous faudra obligatoirement embaucher 8 Thaïlandais (Règle : 1 permis de travail = 4 Thaïlandais). Vous devez alors investir dans une plus grande structure, ce qui implique d'avoir les fonds nécessaires. 
Si vous ouvrez un petit business, comme ce fût notre cas, nous ne pouvions pas travailler légalement tous les 2. Ce qui n'était pas envisageable, ni viable sur le long terme.

Parallèlement, notre envie de nous orienter vers la pâtisserie/ boulangerie avait fait son chemin et quoi de mieux que se former en France pour ces métiers. On souhaitait vraiment effectuer une formation en reconversion professionnelle pour obtenir le CAP. Après plusieurs prises de contact positives auprès d’écoles en France, notre décision était prise.

C’est un peu la mort dans l’âme que nous avons commencé à vendre nos affaires et préparer le retour. Beaucoup moins drôle dans ce sens là… Mais, nous ne voulions pas épuiser toutes nos économies et avions envie d’un quotidien professionnel un peu plus dynamique.

Faut-il ouvrir un business en Thaïlande ?
Beaucoup nous ont demandé ce que nous aurions pu faire pour qu’un business marche en Thaïlande. Il n’y a malheureusement pas de recette miracle. 

Toutefois, d’après notre expérience :

  • Il vaut mieux investir dans une guesthouse qu’un restaurant, c’est beaucoup plus rentable, tout du moins si vous possédez au moins une quinzaine de chambres. Mais il faudra investir entre 50 000 et 100 000 euros pour l’achat du bail.
  • Il est de toute façon illusoire de penser qu’avec 5000 euros, on peut ouvrir un business en Thaïlande et bien en vivre. Il est indispensable de partir avec de solides économies, voire d’avoir un revenu régulier en France (loyer d’un appartement, par exemple).
  • Pour un couple d’étrangers, mieux vaut que l’un des 2 trouve un emploi de salarié pour assurer un revenu fixe. Il est cependant très difficile de trouver un emploi pour un étranger à Chiang Mai. Les grandes entreprises et les multinationales susceptibles d’embaucher des Farangs se trouvent à Bangkok. La voie royale étant le contrat d’expatriation.
  • L’idéal également est de toucher une clientèle de Thaïlandais plutôt que les touristes. Les activités touristiques sont trop saisonnières. Même si vous faites une bonne saison, l’argent servira uniquement à payer les charges en basse saison. Un ami, boulanger à Chiang Mai, a réussi ce challenge et 70 à 80% de sa clientèle est thaïlandaise. La clé du succès : des croissants délicieux à des prix thaïlandais. Mais cela lui a pris beaucoup de temps avant d’asseoir sa réputation.
  • On insiste aussi sur l’importance de bien parler la langue. Cela facilitera grandement l’intégration et la compréhension du quotidien. Là encore, cela prend du temps. Même au bout de 4 ans, on était loin d’être bilingue !

La Thaïlande, une parenthèse enchantée.

Dans tous les cas, cette expérience au pays du sourire fut fabuleuse et a fondamentalement modifié notre vision de la vie, notre façon d’aborder les événements.

Même si notre restaurant et notre activité de traiteur n’ont pas rencontré un grand succès, nous n’avons nullement le sentiment d’avoir échoué, bien au contraire. Nous avons expérimenté un nouveau métier, appris une nouvelle langue, appréhendé un nouveau mode de vie et de pensées, rencontré de merveilleuses personnes, cassé notre routine et développé un sens aigu de la débrouillardise.

La Thaïlande est une parenthèse enchantée dans nos vies, un bien précieux que nous gardons dans nos cœurs. Avec l’objectif de revenir d’une manière ou d’une autre.

On espère que notre formation en pâtisserie et boulangerie nous ouvrira de nouvelles portes, car cette première expatriation en Thaïlande nous a confortés dans ce choix de vie.

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